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sur les Passions.

établissons la différence des rangs & des conditions : les richesses ou le pouvoir sont les mesures de cette différence : la santé ou le tempérament n’entrent ici pour rien ; lors même que leur mauvais état empêche l’homme de jouir de ses autres avantages ; on ne les lui décompte pas. Dans nos passions, aussi-bien que dans nos raisonnemens, l’habitude nous emporte au-delà des justes bornes.

C’est ici le lieu d’observer que le pouvoir que les maximes générales exercent sur les passions, sert à dégager, pour ainsi dire, les passions du mécanisme intérieur, & à faciliter l’opération de tous ces principes qui sont ici l’objet de nos recherches. Supposons qu’un homme fait, mais qui ne se fût pas encore servi de ses facultés, parût subitement dans notre monde ; cet homme trouveroit bien de l’embarras à se démêler des objets dont il se verroit environné : il ne sauroit d’abord où placer son amour ou sa haine : il ne distingueroit pas les objets propres à lui inspirer de l’orgueil, de l’humilité, ou quelque autre émotion que ce fût. Ce qui paroît