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sur les Passions.

nous savons que nous sommes des juges partiaux, & par-là sujets à nous méprendre : nous savons combien il est difficile de juger d’une chose qui n’est pas à une certaine distance & dans son vrai point de vue, c’est ce qui nous fait prêter l’oreille, en tremblant, à ce que pensent de nous les autres hommes, qui sont plus capables de nous apprécier. Et c’est là la véritable origine du désir de la renommée ; si nous cherchons à être applaudis, ce n’est pas par une passion primordiale ; ce n’est que pour fixer & pour confirmer la bonne opinion que nous avons de nous-mêmes : il en est de nous, à cet égard, comme d’une belle femme, qui aime à voir ses charmes avantageusement réfléchis dans le miroir.

Dans les sujets de spéculation il est souvent fort difficile de distinguer ce qui produit un effet de ce qui ne fait que l’augmenter ; cependant les phénomenes me paroissent ici bien clairs, & bien propres à établir mon principe.

L’approbation des personnes que nous estimons nous flatte bien d’avantage que les louanges de ceux pour qui nous avons du mé-