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Réflexions.

peut venir de toutes les autres qualités auxquelles le plaisir est attaché. Il n’y a rien qui flatte plus notre vanité que le talent de plaire par notre esprit, par notre belle humeur ou par quelqu’autre qualité de cette espece : rien qui nous chagrine d’avantage que de sentir que nous réussissons mal. Personne n’a encore pu donner une définition exacte de l’esprit, personne n’a pu faire voir pourquoi un certain arrangement de pensées mérite ce nom par préférence ; il n’y a point de regle pour en juger ; le goût seul en décide : mais qu’est-ce donc que ce goût qui donne également l’être au véritable esprit & à l’esprit faussement ainsi nommé ? ce n’est absolument que le plaisir que nous cause le premier, & le déplaisir que le second nous inspire, sans que nous soyions en état de rendre raison ni de l’un ni de l’autre : la faculté de produire ces deux sensations opposées est donc l’essence même de ces deux sortes d’esprit & par conséquent la cause de cette vanité ou de cette mortification qui en naissent.

7. Tout ce qui est beau nous plaît, tout ce qui est laid nous choque ; & il n’im-