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Réflexions.

se détruisent réciproquement, laissent l’ame dans une parfaite tranquillité.

Mais supposons que l’objet, au lieu d’être composé d’un bien & d’un mal actuel, ne soit envisagé que comme une chose probable ou non probable dans un certain degré : dans cette supposition, dis-je, l’ame renfermera tout-à la-fois deux passions contraires, qui au-lieu de se balancer & de s’adoucir mutuellement, subsisteront ensemble, & dont la réunion produira une troisieme impression, je veux dire l’espérance ou la crainte.

On voit dans tout ceci l’influence manifeste d’une relation d’idées, dont nous parlerons plus au long dans la suite. Lorsque les objets different du tout au tout, il en est des passions opposées comme de deux liqueurs contraires, contenues chacune dans un vase séparé, & qui par conséquent ne sauroient agir l’une sur l’autre. Lorsque les objets sont intimement unis, les passions ressemblent à l’alkali & à l’acide, dont le mélange est suivi d’une destruction réciproque. Lorsqu’enfin la relation, plus imparfaite, ne consiste que dans des vues con-