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Réflexions.

& alors l’espérance & la crainte, existent sans être produites par la probabilité.

7. Nous craignons souvent un mal que nous ne concevons que comme possible, cela arrive sur-tout si c’est un grand mal : l’idée des douleurs & des tourmens nous fait déjà trembler, pour peu qu’il y ait de risque que nous puissions y être exposés : en ce cas la grandeur du mal compense le défaut de probabilité.

Les maux même qui sont impossibles nous font peur : nous frissonnons sur le bord d’un précipice, quoique nous sachions que nous sommes en parfaite sûreté, & qu’il ne dépend que de nous de faire un pas en avant ou en arrière. C’est que la présence immédiate du mal influe sur l’imagination, & y produit une espece de croyance, mais qui ne dure pas long-tems : c’est ici le même cas que celui où nous avons vu que la contrariété des événemens fortuits produit des passions contraires.

Les maux certains font quelquefois le même effet que les maux possibles ou impossibles : un prisonnier étroitement gardé,