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sur la regle du Goût.

Ici s’offre une réflexion qui pourra être utile pour éclaircir la fameuse dispute sur les anciens & les modernes. Lorsqu’une absurdité apparente s’offre dans l’écrit d’un ancien, les partisans de l’antiquité prétendent qu’il faut avoir égard aux mœurs du siecle où il a vécu ; leurs adversaires n’admettent point cette excuse, ou du moins ne veulent la recevoir que comme l’apologie de l’auteur, & non comme l’apologie de l’ouvrage. Mon sentiment est que les limites de la controverse n’ont jamais été trop bien réglées entre les deux partis. Lorsqu’on nous présente une singularité de mœurs qui n’a rien que d’innocent, comme sont les exemples que nous avons raportés tantôt, nous aurions tort assurément d’y trouver à redire ; & ce ne seroit que par un faux rafinement que l’on pourroit s’en choquer. Si l’on vouloit ne rien donner aux révolutions continuelles qui se font dans les mœurs & dans les usages, ne rien admettre qui ne soit selon nos modes ; les monumens des poëtes, ces monumens plus durables que l’airain, tomberoient bientôt en poussiere, comme de la mauvaise argile. Fau-