tres, la raisoq, si elle n’est pas une partie essentielle du goût, est au moins requise pour en diriger les opérations. Dans tous les ouvrages où le génie brille il y a un rapport, une convenance de parties & si l’on n’a pas assez d’étendue d’esprit pour embrasser toutes ces parties, pour les comparer, & pour appercevoir la consistance de l’uniformité du tout ; on est hors d’état d’en connoître les beautés & les vices. Ce n’est pas assez. Les productions de l’art ont chacune leur but, une fin où elles tendent ? elles sont plus ou moins parfaites, à mesure qu’elles sont mieux ou moins bien ajustées à cette fin : l’éloquence doit persuader, l’histoire doit instruire, la poësie doit plaire par les images qu’elle présente, & par les passions qu’elle fait naître ; ces fins, il ne faut jamais les perdre de vue, en lisant les écrits des orateurs, des historiens ou des poëtes ; & il faut voir s’ils ont employé les moyens convenablés pour y arriver. Enfin il n’y a point d’ouvrage qui ne soit une chaîne de proportions & de raisonnemens ; je n’excepte pas même ceux des poëtes : à la vérité, ce ne sont pas
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Dissertation.