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Réflexions.

alternative, y trouve une contrariété qui détruit toute certitude, & l’empêche de se décider.

Supposons que l’objet qui fait naître ces doutes, nous inspire du défit ou de l’aversion : il est clair que suivant que l’esprit se tourne de côté & d’autre, il doit ressentir une impression momentanée de joie ou de tristesse. Un objet dont nous désirons l’existence, nous donne du plaisir, toutes les fois que nous songeons aux causes qui le produisent ; & par la même raison il nous inquiete & nous attriste, lorsque nous songeons aux causes qui l’empêchent d’exister. Dans les questions qui sont du ressort de la probabilité l’entendement se partage entre des vues, & le cœur entre des émotions contraires.

L’esprit humain, considéré par rapport aux passions, ne ressemble pas à un orgue, dont le son s’arrête subitement dès qu’on cesse de soufler ; il ressemble à un instrument à cordes, qui après chaque coup qu’on lui imprime conserve ses vibrations pendant un certain tems, & dont le son se perd par