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sur la regle du Goût.

& d’une précision qui saisit tout ce qui entre dans le composé, nous disons qu’il a le goût délicat, soit que nous employions ces termes dans un sens naturel, soit que nous les employions dans un sens métaphorique. Ici donc les regles générales qui déterminent la beauté sont d’un grand usage : ces regles se fondent, en partie sur des modèles, en partie sur l’observation des choses qui plaisent ou déplaisent très-fortement, lorsqu’on les considere à part : si les mêmes choses, fondues dans un mélange où elles sont en moindre quantité, ne causent pas un plaisir ou un déplaisir sensible, nous l’attribuons à un manque de délicatesse. Fixer ces regles générales, ou ces modèles indisputables, c’est trouver cette clef & cette courroie qui justifierent la décision des parens de Sancho, & confondirent les prétendus juges qui la condamnoient : quand on n’auroit jamais vuidé la barrique, le goût des premiers eût été également fin, & celui des autres également grossier ; mais il eût été plus difficile de le prouver aux assistans. Il en est de même de l’art d’écrire : quand cet art ne seroit point.