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sur la regle du Goût.

dont un esprit curieux & attentif peut suivre les opérations. Certaines formes, certaines qualités sont faites pour plaire ou pour déplaire, en vertu de leur nature & de ce qui les constitue : s’il arrive qu’elles manquent leur effet, cela ne vient que de l’imperfection de l’organe qui en reçoit l’impression : un homme qui a la fievre, ne prétendra pas que pour juger des faveurs on s’en rapporte à son palais ; celui qui a la jaunisse ne s’arrogera point de décider des couleurs. Il y a, pour toutes les créatures, un état de l’ame, & un état malade, & la regle du goût ne regarde que le premier. Le consentement unanime des hommes, dont les organes sont en bon état, nous fournit l’idée de la beauté parfaite & universelle : c’est ainsi que nous nommons la vraie couleur, ou la couleur réelle d’un objet, celle qu’une vue bien constituée apperçoit dans cet objet exposé au grand jour : quoique nous n’ignorions que les couleurs ne sont que des apparences & des phénomenes sensibles.

Les organes intérieurs sont sujets à bien des défauts, qui détournent, ou du