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Histoire naturelle.

plaisans, quoique un peu profanes sur ce chapitre …

Un fameux général, qui dans ce tems-là servoit en Russie, se rendant à Paris, pour se faire guérir de ses blessures, amena avec lui un jeune Turc qu’il avoit fait prisonnier. Des docteurs de Sorbonne, tout aussi entiers dans leurs opinions que le sont les dervis de Constantinople, croyant que c’étoit dommage que le pauvre Mustapha fût damné faute d’instruction, le solliciterent bien fortement de se faire chrétien : pour lui faire d’autant mieux goûter leurs raisons, ils lui promirent du bon vin dans cette vie, & le paradis dans l’autre. Le jeune homme ne put resister à de si puissans attraits : après avoir été instruit & catéchisé dans les formes, il consentit à recevoir les sacremens du baptême & de la sainte cêne. Cependant, pour mieux affermir & consolider sa foi naissante, le prêtre continua toujours de l’instruire : le lendemain de la communion il lui demande : combien y a-t-il de dieux ? il n’y en a point, répond Benoît, c’étoit son nouveau nom : comment ? il n’y en a point ! s’écrie le