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De La Religion.

travagance ne pouvoit venir que d’un dérangement du cerveau ; sans cela, dit cet historien, il n’eût jamais publiquement affronté un culte établi ; car, continue-t-il, quant à la religion ; chaque peuple est content de la sienne, & la croit préférable à toutes les autres[1].

On ne peut disconvenir que les catholiques romains ne soient une secte très savante : de toutes les églises chrétiennes il n’y a que l’église anglicane qui puisse leur disputer la palme ; cependant le fameux Arabe Averroës, qui sans doute avoit entendu parler des superstitions égyptiennes, déclare qu’il ne connoît point de religion plus absurde que celle dont les sectateurs mangent leur Dieu, après l’avoir créé.

Je ne crois pas en effet qu’il y ait aucun dogme de paganisme qui donne autant de prise au ridicule, que la doctrine de la présence réelle ; cette doctrine est si absurde, qu’on ne sauroit argumenter contre elle ; les catholiques eux-mêmes font des contes

  1. Lib. III. cap. 38.