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De La Religion.

ont fait valoir, ne sont que de très-foibles autorités : tant de relations contradictoires, qui ont toutes le même fondement, leur sont parvenues par cette voie qu’il étoit absolument impossible de faire un choix, & de discerner le vrai du faux. Il fallut donc que les écrits polémiques des prêtres payens fussent renfermés dans bien peu de volumes : leur théologie devoit plutôt consister en contes traditionels, & en pratiques superstitieuses qu’en controverses & en raisonnemens philosophiques.

Il en est tout autrement des religions populaires qui sont fondées sur les principes du théïsme : des principes si conformes à la saine raison s’allient aisément avec la philosophie, & il en résulte un systême mixte où la philosophie est incorporée : si les autres dogmes de ce systême sont contenus dans un livre sacré, comme par exemple dans l’alcoran ; s’ils sont déterminés par une autorité visible, comme est celle du pontife romain ; les spéculateurs s’y plient, & naturellement chacun embrasse la théorie dans laquelle il a été élevé,