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De La Religion.

& que chacune décharge sur ses rivales ce zele, ou plutôt cette haine sacrée, la plus furieuse & la plus implacable de toutes les passions.

Pour peu que l’on soit versé dans les historiens & dans les relations des voyageurs, tant anciens que modernes, on doit avoir été frappé de l’esprit tolérant des idolâtres. On demanda à l’oracle des Delphes quelle étoit la forme de religion la plus agréable aux dieux ; il répondit que c’étoit pour chaque ville celle que les loix y avoient établie[1].

Il semble que dans ces tems les prêtres mêmes ne refuserent point le salut à ceux qui étoient d’une communion différente de la leur. Les Romains avoient la coutume d’adopter les dieux des nations conquises, quelque part qu’ils se trouvassent, ils ne contestoient jamais les attributs divins aux divinités locales ou nationales.

Les guerres religieuses & les persécutions qui étoient en vogue parmi les idolâtres de l’Egypte, paroissent ici faire une exception ;

  1. Xenoph. Memorab. lib. II.