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De La Religion.

qu’on ne sauroit lui contester : en mettant des bornes au pouvoir & aux fonctions de ses différentes divinités, elle donne accès aux dieux de toutes les sectes & de toutes les nations : elle concilie tous ces dieux, de même que les rites, les cérémonies & les traditions, qui sont inséparables de leur culte[1].

Le théïsme est opposé à l’idolâtrie, & par rapport à ses avantages, & par rapport à ses inconvéniens. Ce systême ne reconnoissant qu’un seul Dieu, qui est la souveraine raison & la souveraine bonté, il devroit, par ses conséquences naturelles,

  1. Verrius Flaccus, que Pline cite, lib. XVII, c. 2, nous apprend qu’il étoit d’usage chez les Romains, avant de mettre le siége devant une place, d’en évoquer la divinité tutélaire, de tâcher de la séduire & de lui faire trahir ses anciens amis, en lui promettant les mêmes honneurs, & de plus grands encore que ceux dont elle jouissoit. Le nom de la divinité tutélaire de Rome fut tenu caché comme le mystere le plus sacré de la religion, de peur que les ennemie de la république ne se servissent du même expédient pour la mettre dans leurs intérêts ce qu’on ne croyoit pas pratiquable sans la connoissance de ce nom. Pline ajoute que le formulaire de cette évocation se conservoit encore de son tems dans le rituel des Pontifes : & Macrobe nous en a transmis une copie, tirée des choses secretes de Sammonicus Severus.