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De La Religion.

être très-borné, & ne l’envisage que comme une cause particuliere qui produit les maladies & la santé, la disette & l’abondance, la prospérité & l’adversité ; il est pourtant sûr que lorsqu’on lui propose des idées plus sublimes, il ne leur refuse pas son assentiment, il croiroit même qu’il y auroit du danger à le refuser. Comment donc ? vous diriez que votre divinité est un être fini ; que ses perfections ont des limites ; qu’elle est gênée par une force supérieure, qu’elle a, comme vous, ses passions, ses douleurs & ses infirmités ; qu’elle a eu un commencement, & peut avoir une fin ! Personne n’oseroit l’affirmer ; il est plus prudent d’être du parti des panégyristes : loin de contredire ces éloges, on affecte d’en paroître extasié, & l’on espere par-là de s’attirer la faveur divine. Pour mieux sentir combien cela est vrai, remarquons que l’approbation que le peuple donne à ces brillantes idées, n’est qu’une approbation verbale : incapable de concevoir ces hautes qualités, ce n’est qu’en apparence qu’il les attribue au souverain être : & malgré le pompeux langage qu’il adopte, la