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Histoire naturelle.

vient d’avoir pour une femme est vertueuse, parvenue à usurper plusieurs des attributs du Tout-Puissant, & en a joui jusques au tems de la réformation[1]. Dans les prières des Moscovites Dieu & St. Nicolas ne vont jamais l’un sans l’autre.

C’est ainsi que le dieu, qui par amour pour Europe, s’étoit changé en taureau, & qui par ambition avoit détrôné son pere Saturne, devint le Optimus Maximus du monde payen. C’est ainsi encore que les notions sublimes, dont les livres de Moïse

  1. La doctrine des Jacobins, qui nioient la conception immaculée, n’a jamais fait fortune : & si l’église ne l’a point condamnée, c’est parce que des raisons de politique l’en empêchoient. Les Cordeliers ont toujours suivi la foule, il n’en faut excepter que le quinzième siecle, dans lequel parut un Cordelier Italien qui, selon le rapport de Boulainvilliers, se distingua par des singularités : il soutint que durant les trois jours que le Christ fut enterré, l’union hypostatique avoir été dissoute, & que par conséquent la nature humaine, pendant ce tems-là, n’avoit eu aucun droit à l’adoration. On devinera aisément qu’une impiété aussi grossiere & aussi blasphématoire ne put manquer d’encourir l’anathème : les Jacobins en prirent occasion d’insulter à leurs ennemis, & se vengèrent, en quelque façon, des disgraces qu’ils avoient essuyées dans la guerre sur la conception immaculée, p. 459.