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Histoire naturelle.

foible, & l’on le découvre pour peu qu’on réfléchisse sur la régularité du cours de la nature, la foi chancelle, & bientôt elle fait naufrage : des méditations plus profondes nous font voir que cette régularité est précisément une des plus fortes preuves que l’univers est formé d’après un plan conçu par une souveraine sagesse : dès-lors on revient à la croyance qu’on avoit abandonnée, & l’on est en état de s’appuyer sur des fondemens plus fermes & plus durables.

Ces désordres qui paroissent des violences faites à la nature, les prodiges, les miracles, sont assurément ce qu’il peut y avoir de plus contraire aux desseins d’un être sage ; cependant rien n’est plus propre à inspirer aux hommes un vif sentiment de religion ; ces événemens les frappent d’autant plus qu’ils en pénetrent moins les causes. C’est pour la même raison que la folie, la fureur, la rage, & tous les écarts d’une imagination échauffée, qui dégradent si fort les hommes, & les mettent presque au niveau des bêtes, passent souvent pour les seules dispositions qui puissent nous rendre dignes d’un commerce immédiat avec la divinité.