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De La Religion.

plus éclairés, nient la Providence particuliere : selon eux, la souveraine Intelligence, qui est le premier principe de tout ce qui existe, contente d’avoir fixé des loix générales, dont la nature ne peut jamais s’écarter, lui laisse d’ailleurs un cours libre, n’en interrompt point à chaque moment la marche, ne trouble point, par des volontés particulieres, l’ordre universel qu’elle même a établi. C’est précisément, disent-ils, ce bel ordre, cette observation rigoureuse des regles qui nous fournit la principale preuve du théïsme, & les réponses les plus solides aux objections qu’on nous oppose. Mais le gros des hommes y comprend si peu, qu’il lui suffit de savoir que vous attribuez tous les événemens à des causes naturelles, pour qu’il vous trouve coupable de la plus énorme incrédulité.

L’étude superficielle de la philosophie, dit milord Bacon, fait des athées ; l’étude profonde les ramene à la religion. Cela est très-juste. Les préjugés de la superstition engagent les hommes à faire fonds sur de faux argumens : lorsqu’on vient à en découvrir le