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Histoire naturelle.

beauté des causes finales ; comment les allégueroit-il ? il n’en a aucune idée. Pensez-vous qu’il étendra sa main, pour vous faire admirer la souplesse & la variété des jointures, qui rendent tous ses doigts flexibles du même côté, ou le juste équilibre où ils sont, tenus par le contre-poids du pouce ? Pensez-vous qu’il tournera cette main pour vous faire remarquer la mollesse des parties charnues, ou bien les propriétés qui la rendent si convenable aux usages pour lesquels elle est destinée ? Non, ces choses-là lui sont trop familieres, il les regarde avec la plus parfaite indifférence. Que dira-t-il donc pour prouver qu’il y a un Dieu ? Un tel est mort subitement, un tel est tombé, & s’est fait une contusion : cette saison a été excessivement aride, cette autre très-froide & fort pluvieuse. Tous ces événemens sont, à ses yeux autant de coups de la Providence ; ce qui pour un bon esprit fait une des plus fortes objections contre l’existence de l’Être suprême, est pour lui le seul argument par lequel on puisse la démontrer.

Plusieurs théïstes des plus zélés & des