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Histoire naturelle.

aux hommes des images sensibles de leurs divinités, & donnoient à ces images des figures humaines, ce qui augmentait considérablement la dévotion, en la tournant vers un objet fixe. Ce fut probablement faute de connaître ces arts que dans les siecles de la barbarie on avoit déifié les plantes, les animaux, & jusques à la matiere brute : si dans ces tems reculés, la Syrie avoit eu un statuaire capable de sculpter un Apollon ; elle n’eût jamais adoré la pierre conique nommée héliogabale, & ne l’eût jamais prise pour l’emblême de la divinité du soleil[1]. L’Aréopage condamna Stilpon à l’exil, pour avoir nié que la Minerve de la citadelle fût une déesse, disant qu’elle n’étoit qu’une sculpture de Phidias[2]. Si des Athéniens & des Aréopagites pensent si matériellement en fait de religion ; que devons-nous

  1. Herodian. L. V. Qu. Curce nous fait le même portrait du Jupiter Ammon. L. IV. cap. 7. Les Arabes & les Pessinumiens adoroient aussi des pierres informes. Arnob. lib. VI. Cette folie ne surpasse-t-elle point celle de l’Egypte ?
  2. Diog, Laert. lib. III.