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De La Religion.

Les dieux que le peuple adoroit, étoient si peu au-dessus des hommes, qu’il ne faut point être surpris de voir les héros & les bienfaiteurs des nations placés au rang des immortels. Le respect & la reconnoissance ont peuplé les cieux d’une foule nombreuse, tirée du genre humain : la plupart des dieux de l’antiquité ont été des hommes, ne sont redevables de leur apothéose qu’à l’admiration & à l’amour des peuples : leur histoire, altérée par la tradition, & chargée de merveilles sans nombre, a produit quantité de fables ; elle a été falsifiée par les poëtes, les allégoriseurs & les prêtres ; c’étoit à qui la rendroit plus miraculeuse & plus étonnante aux yeux des ignorans.

Les peintres & les sculpteurs faisoient aussi leur profit de ces mysteres : ils fournissoient

    teur qui anime, renouvelle & embellît la face de la nature, mais peu après la mythologie l’entraîne à des absurdités, il prie cette Vénus, qui n’est qu’un personnage allégorique, de calmer les fureurs de Mars dont elle est aimée. Ici l’allégorie cesse, & se change en un point de religion, dont un Épicurien ne peut faire usage sans se contredire.