Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 3, 1788.djvu/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
48
Histoire naturelle.

tres se forme cette notion ; il déifie toutes les parties de l’univers ; tout ce que la nature a fait d’un peu remarquable est pour lui une divinité : le soleil, la lune, les étoiles sont autant de dieux : les fontaines sont habitées par des nymphes, les arbres recelent des hamadryades. Ce n’est pas tout : les singes, les chiens, les chats & d’autres animaux deviennent des êtres sacrés dans l’opinion des hommes, & leur inspirent une religieuse vénération. On voit par-là que quelque penchant que nous puissions avoir à croire qu’il existe un pouvoir invisible, nous en avons pour le moins autant à fixer notre attention sur des choses qui affectent les sens. Comment concilierons-nous deux penchans si contraires ? Le seul expédient, c’est de placer le pouvoir invisible dans des objets qui frappent la vue.

La répartition des dieux en divers départemens, a pu faire entrer des allégories physiques & morales, dans les systêmes vulgaires du polythéïsme. Il étoit convenable que le dieu de la guerre fut cruel, violent & furieux, le dieu de la poésie, aimable, poli