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De La Religion.

Ne doit-il pas paroître bien étrange qu’un homme si zélé pour sa religion ait pu embrasser un pareil sentiment[1] ? Mais ce n’a jamais été que par accident que la question sur l’origine du monde est entrée dans les anciens systêmes : les théologiens de ces tems-là ne la regardoient point comme étant de leur ressort ; il n’y eût que les philosophes qui s’en occupassent ; & ce n’est que fort tard que ceux-ci s’aviserent de chercher la cause universelle dans une suprême intelligence. Il s’en falloit bien alors qu’on ne regardât comme profanes ceux qui expliquoient l’origine des êtres sans recourir à la divinité : Thalès, Anaximene, Héraclite, ni plusieurs autres qui se déclaroient pour le même systême de Cosmogonie, n’eurent

  1. Le même auteur qui sait si bien se passer de Dieu dans l’explication de l’origine du monde, regarde comme fort impies ceux qui osent déduire de causes physiques les événemens les plus communs, les tremblemens de terre, les orages, les inondations ; pour lui, il les attribue fort dévotement à la colere de Jupiter & de Neptune. Par-là il est manifeste, d’où il a pris ses idées de religion. Lib. XV. p. 364, ex editione Rhodomanni.