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De La Religion.

avoir été plus goûtée des anciens mythologistes, que celle de création ou de formation, c’est presque la seule dont ils fassent usage pour expliquer l’origine du monde.

Ovide vivoit dans un siecle savant : il avoit appris des philosophes que le monde est l’ouvrage divin d’un créateur ; mais cette idée ne s’accommodant point avec le systême fabuleux qu’il mettoit en vers, il ne la touche que d’une maniere vague, sait la détacher de son plan :

Quisquis fuit ille deorum.

un Dieu, dit-il, quel qu’il ait été, a dissipé la nuit du chaos, & a tiré l’ordre de la confusion[1] : il savoit bien que ce ne pouvoit être, ni Saturne, ni Jupiter, ni Neptune, ni aucun des autres : la théologie qu’il suit ne lui enseigne rien sur cette question ; & il la laisse indécise.

Diodore de Sicile[2], qui commence son ouvrage par le dénombrement de tout ce

  1. Metamorph. lib. I, v. 32
  2. Lib. I.