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Histoire naturelle.

d’Athènes, au milieu de ce peuple si superstitieux & si jaloux de la religion établie, de ce peuple, qui dans le même tems faisoit expirer Socrate à cause de sa prétendue incrédulité. Ces écrivains ne considerent point que les images familieres & burlesques du poëte comique, loin de paroître impies, étoient exactement conformes à l’idée que les anciens se faisoient de leurs dieux. Se peut-il une conduite plus basse & plus criminelle que celle de Jupiter vis-à-vis d’Amphitryon ? Cependant la comédie qui retrace ce bel exploit, passoit pour être la plus agréable au pere des dieux : à Rome l’on en ordonnoit la représentation toutes les fois que l’état étoit menacé de peste, de famine ou de quelque autre calamité publique[1]. Les Romains s’imaginoient que semblable à tous les vieux débauchés, Jupiter se plaisoit à se rappeller ses antiques prouesses, & qu’il n’y avoit rien qui flattât autant sa vanité.

Dans des tems de guerre, les Lacédémoniens avoient soin de faire leurs prières de grand

  1. Arnob. lib. VII.