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De La Religion.

célestes qui entourent le trône de l’Éternel. Or supposons que dans ces siecles quelqu’un eût nié l’existence de Dieu & celle des Anges, pendant que, par un travers singulier, il eût cru vrai au pied de la lettre tout ce qui est débité dans les contes des fées : cet hommes-là n’auroit-il pas, à juste titre, passé pour athée ? Assurément il y auroit plus de distance d’un tel homme à un vrai théïste, qu’à un homme qui ne reconnoîtroit aucune intelligence invisible : & ce seroit bien être la dupe d’une ressemblance accidentelle de noms, que de vouloir ranger des sentimens si opposés dans une même classe.

Mais, à bien considerer la chose, les dieux des idolâtres ne valent pas mieux que les esprits folets de nos ancêtres, & ne méritent pas plus de vénération. Cette prétendue religion n’est en effet qu’un athéïsme superstitieux : les objets du culte qu’elle établit, n’ont point le moindre rapport avec l’idée que nous nous formons de la divinité : on n’y trouve point de premier principe de toute intelligence, point d’empire suprême, point