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Histoire naturelle

notre sort, ne pouvant pas se trouver partout, ni exercer partout leur empire, il fallut en multiplier prodigieusement le nombre, & le proportionner à la variété des événemens qui changent la face de la nature ; Dès-lors parut une foule de divinités locales, & tous les espaces en furent remplis. C’est ainsi que l’Idolâtrie a subjugué & subjugue encore les hommes dépourvus d’instruction ; c’est-à-dire, la plus grande partie du genre humain[1].

Toutes les affections humaines peuvent nous suggérer l’idée de ces intelligences in-

  1. Le passage suivant d’Euripide vient ici si à propos que je ne puis m’empêcher de le transcrire.

    Οὐϰ ἐστὶν οὐδεν πιστὸν, ὄυτ’ ἐυδοξία
    Ὂυτ’ ἂν ϰαλῶς πράσσοντα μὴ πράξειν ϰαϰῶς
    Φυροῦσι δὲ ἆυθ’ δε ὁι θεοὶ ϰάλιντε ϰαὶ προσω,
    Ταραγμὸν ἐντιθέντες, ὡς ἀγνωσίᾳ
    Σέβω μεν ἀυτοὺς.

    Hecuba.

    Rien n’est stable dans l’univers : la gloire passe ; le bonheur s’envole. Les dieux bouleversent la vie humaine, en y mêlant ensemble les choses les plus contraires : ils confondent tout : ils nous tiennent dans l’incertitude, afin que nous les respections davantage.