Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 3, 1788.djvu/37

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la superstition, & les hommes de ces tems-là devoient n’avoir rien de plus pressé que de tâcher de connoître ces substances invisibles dont ils attendoient tous leurs biens tous leurs maux. N’ayant aucune notion de l’astronomie, ni de la botanique, ni de l’anatomie, trop peu curieux pour observer la merveilleuse subordination des causes finales, comment se seraient-ils élevés jusqu’à cette premiere cause, source de tous les êtres, jusqu’à cet esprit infiniment parfait, dont la volonté toute-puissante arrangea l’univers ? Une idée aussi sublime étoit trop au-dessus de leur étroite conception : ils n’étoient capables, ni d’appercevoir la beauté de l’ouvrage, ni de comprendre la grandeur de l’ouvrier. Il ne leur restoit donc qu’à se représenter leurs dieux, comme une façon de créatures humaines, peut-être même prises d’entre les hommes, invisibles à la vérité, & plus puissantes que nous, mais conservant d’ailleurs toutes les passions & tous les appétits, de même que les organes corporels, appropriés à notre espece. Des substances aussi limitées, quoique maîtresses de