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Histoire naturelle.

présentes à l’esprit, & s’offrant toujours sous le même aspect, devoient paroître toutes de la même espece. Nous les ferons donc penser & raisonner, nous leur donnerons nos passions, nos organes même, & notre figure, afin de leur ressembler d’avantage.

Les hommes deviennent plus superstitieux à mesure qu’ils éprouvent un plus grand nombre d’accidens dans le cours de leur vie. Les joueurs & les mariniers sont des preuves frappantes de cette vérité, quoique de tous les hommes les moins capables de réfléchir, on les voit livrés aux craintes les plus ridicules, aux superstitions les plus frivoles. Les dieux, disoit Coriolan, influent sur tout, mais en particulier sur les événemens de la guerre, parce que ce sont les plus incertains[1]. Toute la vie humaine est exposée aux vicissitudes de la fortune, & l’étoit bien d’avantage avant que l’ordre fût introduit par l’institution du gouvernement. Ces tems barbares devoient donc être le regne de

  1. Dion. Hal. lib. VIII.