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Examen.

miers chrétiens encoururent le même reproche ; & l’on peut observer en général que c’étoit-là le lieu commun dont se servoient les idolâtres contre les théïstes. Ils ne concevoient pas que l’on pût adorer ce qui n’étoit pas matériel & sensible : & de-là ils tiroient la conclusion immédiate que l’adoration du théïste s’adressoit à l’étendue du ciel, ou bien aux amas de vapeurs qui nagent dans l’atmosphere : témoin ce persifflage d’Aristophane, lorsqu’il met cette fameuse priere dans la bouche de Socrate, Air immense, puissant monarque qui tiens la terre suspendue ! & toi brillant éther ! & vous nuées, vénérables, qui tonnez, & qui lancez la foudre[1] ! On voit par-là quelle foi méritent les écrivains profanes, lorsqu’ils traitent du culte des nations étrangeres, & sur-tout des nations théïstes.

M. Hume propose aussi une difficulté contre

  1. Ὧ δέσποτ' ἅναξ. ἀμέτρητ' ἀὴρ, ὃς ἔχεις τὴν γὴν μετέωρον. Δαμπρός τ' Ἀιθὴρ, σιμναῖτε θεαι, τέφελαι βροντησιχέραυτοι.
    Aristoph. Νέφελαι.