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De l’Histoire naturelle.

même d’entre les payens se sont fait d’étranges idées de la religion juive : c’est que n’étant pas en état de consulter les livres symboliques des Juifs ; ils n’en jugeoient que d’après les apparences & les démonstrations extérieures. Les uns les accusent d’adorer une tête d’âne ; d’autres voyant qu’ils s’abstiennent soigneusement de toucher les pourceaux, regardent cette horreur religieuse comme un hommage religieux : Plutarque est dans cette erreur ; & ce n’est pas la seule : la fête des tabernacles, & celle même du sabbat, il les prend, sans hésiter, pour les orgies de Bacchus.

Mais l’opinion la plus accréditée, c’étoit que les Juifs ne reconnoissoient d’autres dieux que le ciel & les nuages. Tout le monde sait ce vers de Juvenal : Nés d’un pere qui respecte le sabbat, ils n’adorent que les nuées & la divinité du ciel[1] ; c’est-à-dire, le ciel qu’ils croient être une divinité. Les pre-

  1. Quidam sortiti mettuentem Sabbata patrem,
    Nil præter nubes & Cœli numen adorant.
    Sat. XIV.