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De l’Histoire naturelle.

mes grossiers qui se font une religion ? À la place de M. Hume, j’eusse combiné les passions humaines avec le spectacle de la nature, je dis avec ce spectacle qui frappe les sens. N’est-ce pas déjà une passion que ce mouvement que nous éprouvons en voyant le lever ou le coucher du soleil, ou en voyant, dans une belle nuit, la lune rayonnante au milieu d’un ciel parsemé d’étoiles ? Que dis-je ? ce que nous sentons alors, n’approche-t-il pas de bien près d’un sentiment religieux ? Et si nous n’étions pas mieux instruits, pourrions-nous nous empêcher de concevoir de la vénération pour des êtres aussi magnifiques, & de nous humilier devant eux ? ce qui seroit déjà une espece de culte, d’où il n’y auroit pas bien loin jusqu’à l’adoration ?

Platon & plusieurs anciens philosophes prenoient les astres pour des êtres vivans & animés : Philon était du même sentiment : Origene n’en doutoit pas : ce fut, pendant un certain tems, l’opinion de S. Jérôme & celle de S. Augustin : & le célebre Tycho Brahé étoit, à cet égard, platonicien décidé. Clément d’Alexandrie avoit été bien