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De l’Histoire naturelle.

la vie de l’homme. Ces passions nous peignent d’abord un pouvoir inconnu & invisible en général. Ensuite le penchant que nous avons de nous figurer tous les êtres semblables à nous, donne à ce pouvoir la figure humaine, nos organes, & toutes les propriétés affectées à notre espece.

Ce pouvoir en général sembleroit ne devoir porter que sur un être ; mais est-il croyable que des hommes stupides & matériels eussent commencé par se former l’idée abstraite du pouvoir ; & que de cette notion intellectuelle ils fussent ensuite descendus à celle d’un individu, ou de plusieurs individus ? je ne reconnois point ici la gradation naturelle de nos connoissances. Il me paroît encore moins vraisemblable que les premieres divinités individuelles dont on se soit forgé la notion, aient été revêtues de la figure humaine : on devoit les supposer d’une nature plus excellente ; & l’on connoissoit déjà des objets qui, à des esprits grossiers sur-tout y devoient paroître plus excellens que l’homme.

Quels sont-ils ? ce sont les corps qui rou-