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De l’Histoire naturelle.

roglyphes ; & ces signes, dont l’usage étoit d’abord innocent, dans la suite des tems, deviennent des faux dieux : on commencera par les subordonner à l’Être suprême : on les mettra dans le soleil, dans la lune, dans les étoiles : bientôt on les fera descendre sur la terre, on les renfermera dans des statues. Alors environné de tant de divinités présentes & sensibles, l’idée subtile de l’être invisible disparoît peu-à-peu, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus aucune trace : il en est à cet égard comme des objets lointains, lorsque ceux qui sont autour de nous, nous affectent fortement, & absorbent toute notre attention. Le peuple en revient toujours à ses idées grossieres : que sera-ce si ce penchant reçoit une nouvelle impulsion de l’artifice de quelque imposteur qui trouve son compte à l’entretenir & à le fortifier ? Si dans le sein du théïsme même, & dans les siecles les plus éclairés il ne se fait gueres de notions plus saines ; à combien plus forte raison devoit-il s’y affectionner sous le regne de l’ignorance & de la stupidité ? & faut-il être surpris de l’entendre s’écrier :