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De l’Histoire naturelle.

qu’ait été cette façon, ils auront transmis cette vérité à leurs enfans ; & de-là elle sera passée plus loin par la tradition : elle pouvoit donc s’abâtardir par degrés, & s’éteindre entiérement ; l’erreur, la superstition, & tous les égaremens du monde payen pouvoient prendre sa place.

Cette réponse suffiroit. Cependant quand nous nous prêterions à l’hypothese de Mr. Hume, quand nous supposerions avec lui un théïsme raisonné, je ne vois pas encore qu’il ait prouvé l’impossibilité de la corruption d’un pareil théïsme. Voici son dilemme ; ce théïsme, dit-il, étoit fondé, ou sur des raisonnemens faciles, & à la portée de tout le monde ; ou bien sur des raisonnemens difficiles, compliqués, qui ne pouvoient être compris que par un petit nombre de contemplateurs. Les premiers devoient avoir un effet durable, & par conséquent empêcher la corruption du théïsme. Les seconds ne seroient jamais parvenus jusqu’au peuple, & par-là étoient encore moins sujets à être pervertis.

Mais d’abord, quoique les preuves que