Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 3, 1788.djvu/154

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
146
Examen.

nations les plus barbares s’instruire & le polir : le goût, la politesse, les arts, les sciences, les mœurs, les façons de penser, tout est sujet au changement : les connoissances humaines ne sont pas plus éternelles que les empires, & la religion, suivant les idées de M. Hume, appartient à cette classe : elle peut donc, par des degrés insensibles, dégénérer au point de devenir tout-à-fait méconnoissable ; elle peut même se perdre entiérement, & être engloutie dans les abymes du tems. Tout ce que je prétends ici, c’est que tant qu’on n’aura pas déterminé, ou du moins à-peu-près déterminé, l’époque de l’origine du genre humain, & tant qu’on n’aura point de sentiment fixe sur l’état des premiers hommes, l’histoire ne nous fournit pas même de quoi conjecturer quelle étoit la premiere religion.

À s’en rapporter à M. Hume, les premiers théïstes qui méritent d’être comptés, ce seroient les chrétiens : l’instituteur de la religion chrétienne seroit donc le premier docteur du théïsme, le premier qui ait enseigné aux hommes qu’il n’y a qu’un Dieu.