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Histoire naturelle.

leve point la difficulté : il n’y a personne qui soit assez stupide, assez dépourvu de raison naturelle, pour ne pas voir que la vertu & la probité sont les plus estimables de toutes les qualités dont l’homme puisse être revêtu ; pourquoi donc n’attribue-t-on pas à son dieu la même façon de penser ? pourquoi ne fait-on pas consister dans leur exercice toute la religion, ou du moins la partie la plus essentielle de la religion ?

Dira-t-on que l’on préfere les pratiques superstitieuses à celles de la morale, parce qu’elles sont moins pénibles ? Mais, pour ne point parler ici des séveres pénitences du Brachmane & de Talapoin, n’en est-ce pas déjà une bien dure que le Rhamadan des Turcs ? Sous des climats brûlans & souvent dans les mois les plus chauds de l’année, ces pauvres gens demeurent, plusieurs jours de suite, depuis le lever jusqu’au coucher du soleil, sans manger & sans boire : Il n’y a assurément personne de si vicieux ni de si dépravé qui ne trouvât cette abstinence plus rude que l’exercice d’un devoir de morale, de quelque nature qu’il pût être. Croiroit-