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De La Religion.

per à ceux qui se mêlent de faire des recherches sur la nature humaine. Quelque sublime que soit la définition nominale qu’une religion puisse donner de la divinité ; il est certain qu’un grand nombre, peut-être même la plupart des croyans chercheront moins à s’attirer la faveur divine par la vertu & les bonnes oeuvres, qui seules peuvent plaire à l’être tout-parfait, que par des observances frivoles, par un zele immodéré, par des extases fanatiques, par une foi aveugle aux mysteres & aux opinions absurdes. Il n’y a qu’une très-petite partie du Sad-der, aussi-bien que de Pentateuque, qui consiste en préceptes de morale ; & soyons sûrs que c’est la moins observée. Quand les anciens Romains étoient affligés de la peste, ils étoient bien éloignés de la regarder comme le châtiment de leurs vices, il ne leur vint pas même dans l’esprit de se repentir & de changer de conduite : ils ne penserent point qu’ils étoient les brigands du monde, que leur ambition & leur avarice désoloient la terre, & réduisoient les nations les plus opulentes à la mendicité ; ils avoient un