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De La Religion.

Il n’y a que la nécessité absolue des principes de la morale, pour le maintien de la société, qui puisse conserver ces principes purs

    étranges idées, dit-il, se formeroit de notre sainte religion un philosophe indien ou chinois, s’il falloit qu’il en jugeât d’après les systêmes des esprits forts de nos jours & de nos pharisaïques docteurs ? …
    Après avoir proposé avec force les objections connues contre ces dogmes, voici comment il finit.
    C’est ainsi que nos incrédules, nos chrétiens judaïsans, nos docteurs de fatalisme ont défiguré les saints & sublimes mysteres de la foi : c’est ainsi qu’ils ont confondu la nature du bien & du mal : c’est ainsi que transformant les passions les plus monstrueuses en attributs divins, & les mettant dans l’essence éternelle, comme autant de perfections, ce qui rend les hommes coupables des plus énormes forfaits, ils ont surpassé le paganisme dans l’art de blasphêmer ! Les payens les plus grossiers se contenterent d’ériger en dieux la volupté, l’inceste & l’adultere ; les prédestinateurs divinisent la cruauté, la colere, la fureur, a vengeance, tous les crimes les plus noirs & les plus exécrables.» V. Principes Phil. de la Rel. Nat. & Révél. par le chevalier Ramsay, P. II, p. 401.
    Par d’autres endroits l’on voit que cet auteur ne croit pas le systême des Arminiens, ni celui des Molinistes fort propre à adoucir cette doctrine : s’étant ainsi exclus de toutes les sectes chrétiennes, il se voit réduit à proposer lui-même un systême de son invention : c’est une espece d’origénisme, qui suppose la préexistence des ames humaines & brutes, de