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Histoire naturelle.

plus fort encore entre les idées que des religions plus récentes nous donnent, & entre ces sentimens de généralité, de douceur, d’impartialité & de justice que la nature elle-même a gravés dans nos cœurs. À mesure que ces religions multiplient les sujets de crainte ; elles rendent la notion de la divinité encore plus grossiere & plus barbare[1].

  1. La mythologie nous donne le dieu Bacchus pour inventeur de la danse & du théâtre : les représentations théatrales faisoient autrefois partie du culte public, on les exécuta dans les occasions les plus solemnelles, souvent même on y eût recours dans des tems de peste, comme à un moyen d’appaiser la colere des dieux. Il n’en est plus de même : dans ces derniers tems sur-tout les dévots se sont fortement élevés contre les spectacles : un savant théologien a nommé le théâtre le vestibule de l’enfer.
    Pour se convaincre qu’il est possible de représenter la divinité d’une façon plus odieuse encore, & moins assortie à la saine morale, on n’a qu’à lire un passage du chevalier Ramsay, écrivain qui avoit du goût & de l’imagination : il n’étoit rien moins qu’ennemi du christianisme ; il étoit au contraire animé du desir le plus louable d’être orthodoxe : la trinité, l’incarnation, la satisfaction, qui sont les doctrines les plus exposées aux traits des esprits forts, ne révoltèrent point son entendement ; il n’y eut que celles de la prédestination & de la réprobation éternelles qui fissent pâtir son humanité, dont il paroît avoir été amplement partagé : «Quelles