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De La Religion.

& en grandeur. Le langage de l’idolâtre peut être mensonger & contraire à l’opinion qu’il a dans l’esprit ; chez les dévots plus rafinés l’opinion elle-même contracte souvent une espece de fausseté, & se voit démentie par les sentimens du cœur ; ce cœur déteste tout bas les effets cruels de la vengeance de son dieu, tandis que l’esprit, en lâche courtisan, n’ose rien y voir que d’adorable & de parfait. Ce combat interne augmente la terreur, & donne un air plus hideux aux fantômes qui persécutent les victimes infortunées de la superstition.

Un jeune homme a lu l’histoire des dieux dans Homere ou dans Hésiode : il a vu leurs factions, leurs guerres, leurs injustices, leurs adulteres, leurs incestes, tous leurs crimes, en un mot, décorés des plus grands éloges. Quelle est sa surprise, lorsqu’il se produit dans le monde, de voir que les loix infligent des châtimens à ces mêmes actions que ses poëtes attribuent aux habitans du séjour céleste ? Cette observation est de Lucien[1]. Il y a peut-être un contraste

  1. Necromantia.