Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 3, 1788.djvu/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
117
De La Religion.

pour la portée de ses concitoyens[1], il ne faut point être surpris de les voir critiquer & blâmer, dans leurs écrits, ces mêmes dieux aux autels desquels ils se prosternoient. Hérodote en particulier, en plus d’un endroit, ne craint point de leur attribuer des sentimens d’une basse envie, qui conviendroient mieux à des démons. Cependant, dans le tems même que les payens chargeoient leurs divinités des actions les plus infâmes ; les cantiques qu’ils chantoient dans leurs temples, ne retentissoient que des épithetes les plus glorieuses. Lorsque le poëte Timothée récita l’hymne qu’il avoit composé à l’honneur de la cruelle & capricieuse Diane, dont il élevoit les vertus & les actions jusques aux nues : Puisse votre fille ; lui dit un des assistans, ressembler à la déesse que vous célébrez[2] !

  1. Les anciens croyoient que les dieux étoient renfermés dans le ciel, on voit dans Lucien que la doctrine de leur toute-présence passoit pour une opinion singuliere, pour un paradoxe philosophique, Hermotimus, sive de sectis.
  2. Plut. de superst.