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De La Religion.

Platon fait dire à Socrate qu’on ne l’accusoit d’impiété que parce qu’il refusoit de croire certaines fables, parce qu’il nioit, par exemple, que Saturne ait châtré son pere Uranus, & que Jupiter ait détrôné son pere Saturne[1] ; cependant dans un des dialogues qui suivent, le même Socrate, représente le peuple athénien comme généralement persuadé que l’ame est mortelle[2]. Y a-t-il ici une contradiction, Oui ; mais ce n’est pas Platon, c’est le peuple qui se contredit. Dans tous les tems, les principes du peuple sont un composé de parties discordantes ; & ils devoient l’être sur-tout dans ces tems-là, lorsque le joug de la superstition étoit si léger, & si facile à porter[3].

  1. Eutyphro.
  2. Phædo.
  3. La conduite de Xenophon, telle que lui-même nous l’a décrit, montre tout à la fois, & combien le genre humain fût crédule dans ce tems-là, & combien les hommes de tous les tems sont peu d’accord avec eux-mêmes dans des matieres de religion. Ce vaillant capitaine, ce grand philosophe disciple de Socrate, qui nous a conservé les spéculations les plus rafinées de son maître, par rapport à la nature de Dieu, Xenophon, dis-je, donne dans la superstition la