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De La Religion.

que n’en firent les anciens, qui les prenoient pour des objets de culte & d’adoration.

Un systême n’a pas fait de profondes impressions sur l’esprit du peuple : donc tous les hommes de bon sens l’ont rejeté : donc, en dépit des préjugés de l’éducation, le systême opposé a été généralement reconnu pour vrai, en vertu des raisonnemens qui l’appuyoient ; cette conclusion n’est rien moins que juste ; il me semble qu’on devroit en conclure précisément le contraire. Moins une superstition est importune & présomptueuse, moins aussi elle provoque notre indignation, & moins nous sommes excités à remonter vers sa source, & à creuser jusqu’à ses fondemens. Il est d’ailleurs incontestable que l’empire que toute sorte de foi religieuse exerce sur l’entendement, est un empire chancelant & peu assuré : il dépend beaucoup de l’humeur, & des caprices de l’imagination ; la différence n’est que dans les degrés ; un ancien placera un trait impie à côté d’une tirade dictée par la superstition ; il y a des discours où cette alternative se fait