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Histoire naturelle.

probable que cette nation, si renommée dans l’antiquité pour sa sagesse & pour sa saine politique, prévoyant des suites aussi pernicieuses, y ait pourvu en réservant ses hommages aux seules divinités adultes : pour les petits dieux qui tetoient encore, il est à croire qu’on n’a pas été aussi scrupuleux à leur égard : & que l’on a pris sans façon la liberté de les noyer : l’usage d’accommoder la religion aux intérêts temporels, n’est pas d’invention moderne.

Varron, homme savant & philosophe, disserte sur la religion avec beaucoup de bon sens ; il est assez modeste pour ne donner ses spéculations que sous l’aspect de probabilités & de conjectures : cette retenue sceptique lui attira les insultes de saint Augustin, dont le zele étoit un peu fougueux. Augustin ne doutoit de rien ; sa foi étoit entiere, sa persuasion inébranlable[1] : cependant un poëte contemporain du paganisme trouve à son tour, quoique très-absurdement à la vérité, le systême de ce saint homme si faux, qu’il

  1. De civitate Del, lib. III, c. 17.