Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 3, 1788.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
94
Histoire naturelle.

Un spectateur intelligent de ce combat, mais par malheur les spectateurs de cette sorte sont bien rares, en concluroit d’abord que, si pour établir un systême populaire, il ne falloit qu’exposer les absurdités des autres systêmes, il n’y a point de bigot superstitieux qui ne pût justifier son aveugle attachement aux principes qu’il a sucés dans son enfance. Il n’en faut pas même tant aux hommes pour les rendre opiniâtres dans leur religion ; peut-être le sont-ils d’autant plus qu’ils ont moins de connoissances : & en général il y a un grand fonds de foi & de zele dans le genre humain.

Diodore de Sicile nous raconte, à ce sujet, un événement fort remarquable, qui s’est passé sous ses yeux[1]. Dans le tems que la terreur du nom romain remplissoit toute l’Egypte, un soldat légionnaire eut, par mégarde, le malheur de tuer un chat : cet

    marquoient quelque chose de semblable dans l’air & le génie de ces peuples, de même que dans l’esprit des deux religions ; les différences de leurs dogmes leur paroissoient trop frivoles pour y faire attention.

  1. Lib. I.