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De La Religion.

ils peuvent valoir au moins les reliques & les ossemens pourris des martyrs, réplique son savant antagoniste. Mais n’êtes-vous pas fous, insiste le catholique, de vous couper la gorge pour décider si un choux est plus respectable qu’un concombre ? J’en conviendrai, dit le payen ; mais convenez à votre tour qu’il y a encore moins de bon sens à se faire la guerre pour des volumes remplis de sophismes, dont dix mille ne valent ni un concombre, ni une pomme de choux[1].

  1. Il est singulier qu’une religion aussi absurde qu’étoit celle d’Egypte ait paru si semblable à celle des Juifs que les plus grands génies de l’antiquité n’ont su l’en distinguer. Tacite, aussi-bien que Suetone, en rapportant le décret dit sénat, fait sous Tibere, qui bannissoit de Rome les prosélytes des Egyptiens & des Juifs, traite expressément ces deux religions sur le même pied : & le décret lui-même paroît être fondé sur cette supposition, Actum & de Sacris Ægyptiis Judaicisque pellendis ; factumque patrum consultum, ut quatuor millia, libertini generis eâ superstitione infecta, quis idonea ætas, in insulam Sardiniam veherentur, coërtendis illic latrociniis ; & si ob gravitatem cœli interissent, vile damnum. Tac. Ann. lib. II, c. 85. Externas cæremonias, Ægyptios Judaicosque ritus compescuit, coactis qui superstitione eâ tenebantur ; religiosas vestes cum instrumento omni comburere. Sueton : in vitâ Tib. c. 36. Ces sages payent re-