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Histoire naturelle.

comme l’ambassadeur à son tour, quoique accoutumé aux habillemens de l’Europe, n’avoit pas encore vu cette grotesque figure, que l’on nomme capucin : il n’y a point de termes pour exprimer l’étonnement réciproque qui étoit peint sur leurs physionomies je crois que la surprise n’eût gueres été moindre entre le dervis de l’ambassadeur & ces disciples de St. François, s’ils étoient entrés en conférence. C’est ainsi que tous les hommes se regardent les uns les autres, avec des yeux étonnés : on ne peut nous mettre dans la tête que le turban de l’Afrique soit une tout-aussi bonne, ou tout-aussi mauvaise coiffure que la capuce européane. C’est un fort honnête homme, dit le prince de Salle, en parlant de l’amiral de Ruyter ; c’est dommage qu’il soit chrétien.

Supposons qu’un docteur de Sorbonne dise à un prêtre de Saïs : comment est-il possible que vous adoriez des porreaux & des oignons ? Si nous les adorons, répond celui-ci, au moins ne les mangeons-nous pas. Mais les chats & les singes ! dit le savant docteur, voilà en vérité de plaisans objets d’adoration !