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Essais.

sans exception, d’impressions correspondantes. Cependant c’est ici un cas si particulier, & si singulier même, qu’il mérite à peine d’être remarqué : & je ne pense pas que pour lui seul il faille reformer notre maxime générale.

La proposition que nous venons d’établir, est non seulement simple & intelligible en elle-même ; si l’on sait en faire un bon usage, elle peut servir encore à dissiper l’obscurité de toutes les disputes, en les dépouillant de ce jargon qui regne depuis si long-tems dans les raisonnemens métaphysiques, & qui leur a fait essuyer tant de disgraces. Toutes les idées en comparaison des sensations, ont quelque chose d’obscur, pour ainsi dire de languissant, mais les idées abstraites plus que les autres ; notre ame n’a que peu de prise sur elles, & leur ressemblance est cause qu’on les confond aisement. Cependant nous n’y faisons pas attention : il suffit d’avoir souvent employé un mot, quoique sans y avoir jamais attaché de sens fixe, pour se persuader qu’il est lié à une idee déterminée. Il en est tout autrement des impressions :